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  • Shibari
  • Shibari : comprendre un art de la corde entre esthétique, sécurité et consentement


    Le shibari n’est pas un simple “saucissonage chic” ou la version japonaise du bondage qu’on croise dans des films aux lumières trop tamisées. C’est un langage de cordes, un art qui ordonne la respiration, sculpte la peau, et demande une qualité de présence qu’on rencontre rarement ailleurs. Oui, il peut être érotique. Oui, il peut être méditatif. Surtout, il exige une éthique sans compromis : consentement clair, attention constante, sécurité maîtrisée. Dans les lignes qui suivent, je te propose un regard à la fois cultivé et pragmatique : replacer le shibari dans son histoire, éclairer ses nuances, et te donner des repères concrets pour une pratique belle, connectée… et sûre.


    Des cordes d’Edo au kinbaku moderne

    Des origines martiales à l’esthétique

    On aime rappeler que le shibari plonge ses racines dans le hojōjutsu, l’art d’entraver au Japon féodal. Les motifs, l’orientation des cordes, la manière de porter un prisonnier communiquaient rang et circonstances. Puis l’histoire dévie : la corde quitte le champ martial pour entrer, lentement, dans l’intime. Dans la première moitié du XXᵉ siècle, elle s’affirme comme une grammaire esthétique à part entière (on parle aussi de kinbaku : “lier étroitement”). L’œil moderne y voit un jeu d’ombres, de frictions, de traces — la beauté d’un éphémère qui se défait en même temps qu’il apparaît.

    Japon / Occident : deux grammaires possibles

    La tradition japonaise privilégie la friction sur la profusion de nœuds : peu de nœuds visibles, beaucoup de tension et d’angle justes, un travail du rythme et du souffle. En Occident, l’enseignement s’est souvent structuré autour de figures au sol (floorwork) et de nœuds/liaisons plus explicites, pour des raisons pédagogiques et de transmission. Rien d’incompatible : ce sont deux accents différents d’une même langue.

    Des “familles” de pratiques

    Tu croiseras des adeptes qui ne jurent que par les suspensions, d’autres qui revendiquent le sol comme terrain d’expressivité infini ; des puristes esthétiques (erotica facultatif), des couples pour qui les cordes sont un prétexte à la conversation et à la confiance. Cette diversité n’est pas un problème : elle est le signe d’un art vivant.

    photo artistique shibariAlexander Krivitskiy

    Shibari, kinbaku, bondage : clarifier sans réduire

    Les mots comptent

    • Shibari / kinbaku : pratique avec longues cordes (souvent jute ou chanvre), où l’esthétique, le contact et la qualité de relation priment autant que l’entrave.

    • Bondage (au sens large) : englobe tout moyen d’attache (menottes, sangles, rubans…). Le shibari est une spécialisation du bondage, pas son synonyme.

    Les rôles, sans hiérarchie

    • L’attachant : nawashi ou rigger.

    • La personne attachée : rope bottom (on lit aussi model).
      Ces deux places dialoguent. Le “pouvoir” intéressant en shibari ne tient pas à la domination brute, mais à la qualité d’écoute : on mène pour mieux servir l’expérience partagée.

    Un “lâcher-prise dirigé”

    Bien conduit, le shibari ressemble à un massage par la corde : la tension localise l’attention, la respiration cadence la séance, la peau devient un instrument. Le plaisir peut être sexuel… ou pas. On peut rechercher l’érotisme sans pénétration, l’apaisement, la transe légère, la catharsis émotionnelle. L’important, c’est que ces objectifs soient nommés avant.

    photo artistique shibariAlexander Krivitskiy

    Sécurité : le cadre non négociable

    Parler de beauté sans parler de risque serait malhonnête. La corde comprime. Elle peut gêner la circulation, irriter la peau, comprimer un nerf. On s’équipe, on s’informe, on surveille, on s’arrête dès que nécessaire. C’est ça, la pratique adulte.

    Les 5 règles d’or

    1. On se parle avant. On définit les limites, l’intention de séance, un safeword (ex. “rouge”) et un signal non verbal si la parole devient difficile (ex. lâcher un objet tenu en main).

    2. On prépare l’espace. Ciseaux de sécurité à portée immédiate, surface stable, eau, sucre, couverture ; téléphone chargé si besoin.

    3. On bannit le cou et les nœuds coulants. Pas de pression sur la trachée. Pas de nœud coulant. On évite les positions qui “cassent” le poignet ou le coude.

    4. On surveille en continu. Couleur et chaleur de la peau, picotements/engourdissements, douleur vive, sensation de froid : ce sont des signaux d’alerte. On vérifie toutes les 5–10 minutes.

    5. On prend soin après. L’aftercare n’est pas un bonus : c’est le retour au calme (20–40 minutes), hydratation, douceur, mots qui ferment la parenthèse.

    Anatomie utile (simple et efficace)

    • Nerf radial : face externe du bras/avant-bras, peut donner une main pendante si trop comprimé.

    • Nerf ulnaire : passe au coude (derrière “l’os du coude”) et vers le petit doigt ; compression → fourmis côté auriculaire.

    • Nerf médian : au poignet (canal carpien) ; compression → fourmis pouce/index/majeur.

    • Zones rouges : cou, aisselle, creux poplité (derrière le genou), aine profonde. On évite ou on travaille avec un savoir précis.

    Astuce simple : au poignet/cheville, laisse passer deux doigts sous la corde. Si la peau devient froide, blafarde ou bleuissante, on desserre ou on coupe.

    Checklists express

    Avant

    • Limites, intention, safeword + signal.

    • Ciseaux de sécurité, eau, sucre, couverture.

    • Cordes vérifiées (ni effilochées ni “cuites”), ongles coupés, mains propres.

    • Pas d’alcool ni de drogues. Si fatigue, douleur chronique ou trouble circulatoire : on simplifie.

    Pendant

    • Tests “deux doigts sous la corde”.

    • Check sensations toutes les 5–10 min (picotements, engourdissements, douleur aiguë = on stoppe).

    • Pas de tension sur les articulations ; privilégie l’os et les zones charnues.

    • Respiration : tu entends ton/ta partenaire respirer ? Tu respires toi aussi.

    Après (aftercare)

    • Détacher progressivement (éviter la chute de sensations brutale).

    • Boire, se couvrir, respirer.

    • Regarder ensemble les marques : chaleur normale ok ; douleur/localisation anormales → repos, glace douce (pas sur la peau nue), surveillance.

    • Débrief : qu’est-ce qui a plu, à ajuster, à éviter.

    photo artistique shibariAlexander Krivitskiy

    Matériel : choisir ses cordes (et les aimer longtemps)

    Matières et sensations

    Chaque corde shibari a sa personnalité. Son toucher, sa friction, son odeur et même le son qu’elle produit contre la peau façonnent l’expérience. Certaines invitent à la douceur, d’autres au contrôle ou à la rugosité sensuelle. Voici les principales matières que l’on rencontre en shibari — avec leurs qualités, leurs limites et leurs usages.

    • Jute brut : naturelle, fibre sèche et nerveuse. Offre une forte friction et un bruit caractéristique, presque percussif. Idéale pour les amateurs de sensations vives et de textures “vivantes”. Nécessite un rodage et un entretien régulier (peluchage, cirage).

    • Jute traitée  : plus souple, plus stable, conserve la réactivité du jute mais glisse mieux et marque moins la peau. C’est souvent le meilleur compromis entre authenticité et confort.

    • Chanvre brut : dense, rigide au départ, avec une friction plus lourde et végétale. Excellent maintien des nœuds. Avec le temps, il s’assouplit sans perdre sa fermeté — un classique pour les puristes.

    • Chanvre traité : huilé ou ciré, il devient soyeux et rond, presque sensuel. Très apprécié pour les pratiques longues ou les peaux sensibles ; un toucher “terre et velours”.

    • Coton : doux, accessible, peu abrasif. Idéal pour les débutants ou les jeux de courte durée. Glisse un peu trop pour les figures complexes.

    • Coton mercerisé : brillance et glisse accrues, tenue homogène. Une corde souple et esthétique, agréable au contact nu, mais moins adaptée aux suspensions.

    • Lin : fibre légère, légèrement élastique, qui combine souplesse et précision. Offre une friction douce et une bonne résistance à l’humidité.

    • Coton et lin : mélange équilibré : souplesse du coton, nerf du lin. Idéal pour les longues sessions au sol, notamment sur peau nue.

    • Soie : luxueuse, fluide, quasi sans friction. Glisse sur la peau comme une caresse, sans marquer. À réserver aux jeux sensuels et esthétiques, pas aux figures techniques.

    • Crin de cheval : texture très particulière, piquante et stimulante, utilisée pour des effets sensoriels intenses. Rares cordes d’artisanat ou de performance.

    • Synthétiques (nylon, polypropylène) : très solides et bon marché, mais trop glissants et abrasifs à la chaleur. Peu recommandés pour le shibari traditionnel.

    • Coton et synthétique : plus résistants, entretien facile, mais la sensation reste artificielle, sans la respiration des fibres naturelles.

    • Corde de coco ou de riz (traditionnelle) : rustique, rugueuse, utilisée dans certains arts martiaux et kinbaku “historiques”. Très sensorielle mais irritante — pour initiés uniquement.

    Matière Friction Glisse Confort sur peau Esthétique / toucher Niveau recommandé
    Jute brut Forte, sèche, nerveuse Faible Assez rugueuse Authentique, rustique, sonore Confirmé / Traditionnel
    Jute traitée Moyenne, contrôlable Moyenne à bonne Plus douce, stable Naturelle, légèrement satinée Débutant à avancé
    Chanvre brut Moyenne à forte Moyenne Ferme, légèrement irritante au début Texture végétale, odeur marquée Confirmé
    Chanvre traité Moyenne Bonne Très agréable, peu abrasive Ronde, chaleureuse, “veloutée” Tous niveaux
    Coton Douce Bonne Très douce Neutre, simple Débutant / Jeux courts
    Coton mercerisé Douce Excellente Très douce Brillante, lisse Débutant / Esthétique
    Lin Moyenne Moyenne Souple, légère Naturelle, mate Intermédiaire
    Coton et lin Moyenne Moyenne Équilibrée, stable Mixte, douce et nerveuse Tous niveaux
    Soie Très faible Excellente Extrêmement douce Luxueuse, sensuelle Jeux esthétiques / Sensoriels
    Crin de cheval Très forte Faible Irritante, stimulante Rare, texturée, brute Avancé / Performances
    Synthétique (nylon, PP) Faible Très forte Risque de brûlure à la glisse Lisse, artificielle Déconseillé / Démo
    Coton et synthétique Moyenne Bonne Relativement douce Aspect propre, sans âme Débutant loisir
    Corde de coco / riz Très forte Faible Dure, agressive Rustique, exotique Initié / Historique

    (Friction : résistance de la corde sur la peau et sur elle-même. Glisse : facilité de coulissement. Confort : ressenti cutané en usage prolongé.)

    Longueurs et diamètres

    • Longueur : 6 à 8 mètres la plus polyvalente (la plupart des figures basiques se font avec 1 à 3 brins).

    • Diamètre : 4 à 6 mm. Plus fin = plus “coupant” et précis ; plus épais = plus enveloppant, plus indulgent.

    Préparation et entretien

    • Rodage (roasting) : chauffer doucement la corde pour la “détendre” et enlever les poils.

    • Traitement : légère huile (jojoba/camélia) ou cire pour la glisse contrôlée.

    • Stockage : au sec, roulée sans nœuds permanents, à l’abri de la lumière directe.

    • Remplacement : si la corde peluche excessivement, casse, s’aplatit ou devient trop “cuite”, on la retire.

    Accessoires utiles

    • Ciseaux de sécurité (indispensables).

    • Tenugui (tissu japonais) pour protéger certaines zones, absorber la sueur.

    • Anneau bois : réservé à des suspensions encadrées. On ne s’improvise pas funambule.

    Chez Plaisir & Chasteté, tu trouveras des cordes en jute naturel, des ciseaux de sécurité et des accessoires BDSM adaptés aux jeux au sol. Nous rappelons : pas de suspension sans formation.

    photo artistique shibariAlexander Krivitskiy

    Pratiquer : du premier nœud à la belle séance

    Trois voies d’apprentissage

    1) Découverte en couple (floorwork, 100 % au sol)
    Objectif : instaurer la confiance et la lecture du corps. Figures simples, poses confortables, aucune contrainte prolongée sur articulations.
    Critères de passage : tu sais vérifier sensations, gérer la tension, démonter proprement.

    2) Intermédiaire au sol (formes et esthétiques)
    On aborde des motifs comme le hishi (diamants), le futomomo (cuisses), le gote/takate-kote au sol uniquement. Travail de frictions stables, placements propres, transitions fluides.
    Critères de passage : checks réguliers, tolérance à la corde, gestion du temps.

    3) Suspensions (uniquement avec encadrement)
    Elles exigent : choix des ancrages, répartition des charges, redondances, secours. On apprend en atelier avec ratio élève/enseignant raisonnable et procédures claires.

    Une séance qui se passe bien

    • Rythme : commence lent, laisse le corps “parler”.

    • Respiration : inspire quand tu tends, relâche quand il/elle expire.

    • Main seconde : la corde attache, la main rassure (paume posée, contact régulier).

    • Ambiance : lumière douce mais suffisante pour voir la peau ; musique si elle aide à respirer.

    • Aftercare : on prévoit le temps, comme on prévoit les cordes. Rien n’est plus élégant qu’une séance bien refermée.


    Culture, éthique et responsabilités

    L’esthétique de l’éphémère

    Au Japon, l’esthétique du shibari dialogue avec l’ikebana (mettre en valeur l’espace et la forme), le clair-obscur (ce qui se devine plus qu’il ne s’exhibe), le wabi-sabi (beauté du transitoire). Les marques sur la peau racontent un passage — elles s’atténuent, comme une encre qui ne voulait rien graver de définitif.

    Éthique contemporaine

    À l’ère où la parole se libère, on refuse les zones grises. Un cadre safe se reconnaît : charte de consentement, droit de dire stop, transparence sur les incidents passés et la gestion des blessures, pas d’isolement imposé ni de pression affective. La corde n’a rien à faire avec l’emprise. Elle demande du soin.

    Où apprendre (et comment choisir) ?

    • Écoles/ateliers collectifs : idéaux pour acquérir les bases et observer différents styles.

    • Cours privés : pertinents si tu veux un accompagnement précis (couple, besoins spécifiques).

    • Signes positifs : assurance responsabilité, ciseaux de sécu visibles partout, ratio correct, assistants pédagogiques, démos commentées, aftercare proposé.

    • Red flags : dénigrement des safewords, minimisation des risques, refus de parler des blessures.

    FAQ - Le Shibari

    Le shibari doit-il faire mal ?

    Non. Il peut être intense sans être douloureux. Douleur aiguë, engourdissement ou brûlure sont des signaux d’alerte : on desserre, on ajuste ou on stoppe.

    Faut-il être souple ?

    Non. On adapte les positions au corps. Au moindre tiraillement articulaire, on change de posture ou on réduit la tension.

    Quelles cordes pour débuter ?

    Jute ou chanvre de 6–8 m en 4–6 mm. Évite les synthétiques (trop glissants, chauffent la peau). Garde des ciseaux de sécurité à portée.

    Quels sont les risques réels ?

    Irritations, marques, compression nerveuse si mauvais placement, chute de tension si on détache trop vite. On réduit par la formation, la vigilance et des checklists simples.

    Combien de temps dure une séance ?

    De 20 minutes à 1 heure ou plus selon l’objectif. Prévois toujours un temps d’aftercare en plus.

    Peut-on pratiquer sans sexualité ?

    Oui. Beaucoup recherchent la connexion, la méditation et l’esthétique. L’érotisme est une option, pas une obligation.

    Comment en parler à son/sa partenaire ?

    Expose ton intention, pose des limites claires, propose un essai simple au sol avec ciseaux de sécurité et un débrief après.

    Les marques sur la peau, c’est normal ?

    Des marques légères et temporaires, oui. Douleur persistante, engourdissement durable ou décoloration : on surveille et on consulte si besoin.

    Où apprendre près de chez moi ?

    Privilégie ateliers/écoles avec charte de sécurité, ratio raisonnable, transparence sur les incidents et aftercare proposé. Demande des références d’élèves.

    Vous êtes à la recherche d'accessoires BDSM ?

    Chez Plaisir & Chasteté, nous mettons à votre disposition toute notre expertise pour vous proposez des accessoires BDSM qui correspondent à tous les besoins, désirs et fantasmes.

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